- esbigner
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• 1789 ; « voler » 1754; arg. it. sbignare « s'enfuir de la vigne »♦ Fam. et vieilli Se sauver. ⇒ décamper.⇒ESBIGNER, verbe trans.Arg., pop. ou dial.A.— Emploi trans. Dérober, voler, faire disparaître (quelque chose). Esbigner le chopin dans sa culbute, cacher l'objet volé dans sa culotte (RABAN, MARCO SAINT-HILAIRE, Mém. forcat, t. 4, 1828-29, p. 314). Philippine m'a déjà esbigné ma pièce et combien donc que vous m'en avez effarouché ed'mes pièces, sous couleur de me vêtir, de me nourrir? (BALZAC, Paysans, 1844, p. 63). Puisque vous êtes dans l'Ambroisienne, ne pourriez-vous pas m'esbigner une mèche de beaux cheveux blonds de Madonne Lucrezia qu'elle envoyait au Bembo? (MÉRIMÉE, Lettres Duchesse de Castiglione, 1870, p. 89).B.— Emploi pronom. réfl. S'esquiver, s'en aller, s'enfuir, partir sans se faire remarquer. Synon. décamper, filer en douce. Je casse une canne, autrement dit je m'esbigne, ou, comme on dit à la cour, je file (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 296). Y m'semble l'voir encore [le duc] l'soir qu'y s'a esbigné comme ça à l'anglaise (GYP, Mme la Duchesse, 1893, p. 114). Il faut que je m'esbigne en souplesse de cette cabine, de cette carcasse (AUDIBERTI, Quoat, 1946, 2e tabl., p. 55).Rem. La docum. atteste esbigné, ée, en emploi adj., corresp. à l'emploi pronom. Et la mère? demanda le saltimbanque avec tout l'intérêt d'un amant épris, inquiet sur le sort de l'objet aimé. — Esbignée! répondit Rocambole (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 624).Prononc. :[
], (je m')esbigne [
]. Étymol. et Hist. 1. 1754 trans. « voler » (P. BOUDIN, Madame Engueule, p. 45); 2. ca 1810 s'esbigner « s'enfuir en hâte » (DÉSAUGIERS, Parodie de la Vestale, acte II, couplet 7 ds SAIN. Lang. par., p. 512). Empr. au fourbesque [arg. ital.] sbignare « courir » (dep. 1619, Il Nuovo modo di intendere la lingua zerga d'apr. DAUZAT Ling. fr., p. 272; cf. 1640, OUDIN, Recherches ital. et fr.), altération de l'ital. svignare « fuir en se cachant » (dep. XVIe s. d'apr. DEI), lui-même prob. dér. de vigna (vigne), au sens de « s'enfuir de la vigne comme un maraudeur »; le passage de v à b fait cependant difficulté : v. explications contradictoires données ds FEW t. 14, p. 477 et par ROHLFS t. 1, § 191. Fréq. abs. littér. :12. Bbg DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 272. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 237. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 317, 455, 512.
esbigner [ɛsbiɲe] v.ÉTYM. 1794; argot ital. sbignare « s'enfuir de la vigne ».❖1 V. tr. Argot anc. Voler, dérober.1 Philippine m'a déjà esbigné ma pièce; et combien donc que vous m'en avez effarouché ed' mes pièces, sous couleur de me vêtir, de me nourrir ? (…)Balzac, les Paysans, I, IV.2 Le capitaine a été tué le premier jour, le lieutenant blessé. Et notre commandant de compagnie maintenant, c'est un sous-lieutenant, un ancien juteux, un chien de quartier qui s'est esbigné dès la retraite de Charleroi et depuis s'est planqué dans l'instruction de la classe 14.Drieu la Rochelle, la Comédie de Charleroi, p. 215.♦ Spécialt. Se soustraire à (un devoir, une corvée).3 (…) Ernest, lui, s'était esbigné en douce, à son ordinaire.Roger Ikor, les Fils d'Avrom, Les eaux mêlées, p. 554.
Encyclopédie Universelle. 2012.